Assises 3ème session 1882

Publié le par jpdev

Audience du 7 août 1882

INFANTICIDE

La fille PERRIN (Marie), âgée de 16 ans, née à Cizely, domestique à Ville-les-Anlezy, est accusée du crime d'infanticide.

Dans la nuit du 2 au 3 mai 1882, elle a volontairement donné la mort à son enfant nouveau-né, en le frappant à la tête et en le jetant sur le carreau de sa chambre.

Le siège du ministère public était occupé par M. ROBERT, substitut de M. le procureur de la République.

M. René SENLY, avocat, présentait la défense.

Le jury ayant admis des circonstances atténuantes, la fille PERRIN a été condamnée à 5 ans de travaux forcés.
 

ATTENTAT A LA PUDEUR

Le nommé JAILLETTE (Paul), âgé de 26 ans, charretier à Nevers, paraissait devant le jury sous l'accusation d'attentat à la pudeur avec violence.

Cette affaire a été jugée à huis-clos.

M. ROBERT, substitut, a soutenu l'accusation. Me DEBOURGES a présenté la défense.

Déclaré non-coupable par le jury, JAILLETTE a été acquitté.

Le Journal de la Nièvre – 11/08/1882


 

Audience du 8 août 1882

TENTATIVE D'ASSASSINAT

La cour d'assises a jugé aujourd'hui le nommé LAMARTINE (Jean), accusé de tentative d'assassinat suicie de vol, commise, le 4 mai dernier, à Lamenay, sur la personne de la veuve GUICHARD.

LAMARTINE.

La veuve GUICHARD, âgée de 73 ans, habite avec son fils, dans la commune de Lamenay une maison isolée. Le 4 mai 1882, vers 3 heures de l'après-midi, ce dernier la laissa seule pour aller couper des joncs sur le bord de la Loire. Lorsqu'il rentra au logis, une demi-heure après, il trouva sa vieille mère étendue sans connaissance sur son lit; elle baignait dans son sang et avait la tête horriblement fracassée. Le vol avait été le mobile de ce crime audacieux, car l'armoire était ouverte, le linge et les vêtements gisaient pèle-mêle à terre; un coupon de toile bleue, 2 jambons, 4 morceaux de lard et un pain de 6 kilos avaient disparu. L'état de la victime présentait une extrême gravité : tout le côté droit de la face était le siège d'une large contusion, au centre de laquelle on remarquait 3 profondes blessures faites à l'aide d'un instrument contondant. Le gonflement de la langue, les écorchures du nez, les nombreuses ecchymoses qui couvraient le cou et la poitrine, indiquaient que l'assassin, après avoir étourdi la veuve GUICHARD, s'était efforcé de l'étrangler. La malheureuse femme ne reprit ses sens que le 11 mai, elle ne put d'ailleurs fournir aucun renseignement sur son agresseur, car elle avait été attaquée par derrière et avait immédiatement perdu connaissance. Mais déjà, grâce à d'actives recherches, l'auteur du crime était entre les mains de la justice. Lors des premières interrogations, on avait remarqué des traces de pas se dirigeant vers la commune de Saint-Martin. Les soupçons se portèrent sur un nommé LAMARTINE qui avait habité, dans sa jeunesse, la maison même de la veuve GUICHARD. Une perquisition faite le 7 mai au domicile de l'accusé amena la découverte d'un gros morceau de jambon et d'une blouse lavée récemment; quelques jours après on trouva, cachés près de sa maison, la pièce d'étoffe volée, un autre jambon et des morceaux de lard. Enfin, alors que LAMARTINE soutenait n'avoir pas quitté son domicile à l'époque du crime, il fut établi qu'il avait couché à Lamenay dans la nuit du 3 au 4 mai. En présence de ces charges accablantes, l'accusé entra dans la voie des aveux. Se trouvant sans ressources, il avait pensé, dit-il, à commettre un vol chez la veuve GUICHARD. Il s'était caché derrière une haie à un endroit où, le jour même du crime, on a constaté que la terre était piétinée; il avait attendu le départ du fils GUICHARD, et avait étourdi la vieille femme en la frappant avec un bâton pointu dont il s'était muni. Ce récit est certainement incomplet. Si l'accusé avoue la préméditation et le guet-apens, il se défend en effet d'avoir eu l'intention de donner la mort à,sa victime, mais les constatations médicales démontrent d'une façon évidente qu'après avoir porté à la femme GUICHARD des coups d'une extrême violence et lui avoir fait de très graves blessures à la tête, l'assassin, s'acharnant après sa victime, s'est efforcé de l'étrangler et ne l'a abandonnée que lorsqu'il l'a crue morte. L'instruction a établi que LAMARTINE a commis un autre crime dans la nuit du 24 au 25 décembre 1881. Pendant la messe de minuit, il s'est introduit dans le presbytère de LAMENAY en forçant le contrevent d'une fenêtre et en brisant un carreau. Il connaissait très bien la maison, car son frère est sacristain de la paroisse. Aussi a t-il visité tous les meubles où le curé plaçait habituellement de l'argent, mais il n'a trouvé que deux francs e billon et diverses provisions de bouche. L'accusé a une réputation détestable : ne se livrant presque jamais au travail, il ne vit que de rapines et est très redouté de ses voisins. Il vient d'être condamné, le 24 juillet 1882, par la cour d'assises de l'Allier, à 15 ans de travaux forcés pour vols qualifiés. En conséquence, etc.

L'accusé a renouvelé ses aveux à l'audience.

LEMOL, procureur de la République, a soutenu les charges contenues dans l'acte d'accusation. Dans son réquisitoire, il s'est élevé avec force contre l'admission des circonstances atténuantes et a conclu en réclamant le châtiment suprême.

La tâche de la défense, confiée à Me GAUTHERIN, était difficile. Malgré les charges qui accablaient l'accusé, le sentiment d'horreur qu'inspiraient son crime et ses méfaits antérieurs, l'honorable défenseur a pu obtenir du jury un verdict mitigé par l'admission des circonstances atténuantes.

En conséquence, LAMARTINE a été condamné aux travaux forcés à perpétuité.

Le Journal de la Nièvre – 11/08/1882

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